Le 3 septembre dernier, Clara (membre de la FÉDÉEH et étudiante à l’INSA Rouen) courrait les 21,1km du semi-marathon de Saint-Malo en 2h52 exactement, malgré des conditions un peu difficiles. Retour sur ce défi qu’elle s’est lancé et qu’elle a réussi aux côté de Simon, son kiné.
Cela faisait un an que je préparais ce semi mentalement et physiquement, malgré quelques aléas pendant l’année. Les deux mois de préparation donnés par mon kiné durant l’été avec ses 200 kilomètres ont été assez éprouvant, mais c’est fascinant de voir à quel point le corps s’habitue à l’effort, même avec un handicap moteur. Je suis fière d’être parvenue à courir cette distance pour la première fois et ce sera sûrement pas la dernière. Cette expérience était vraiment unique et je vous souhaite à tous de vivre une expérience de dépassement de soi, qu’importe le sport. On en ressort grandi et d’autant plus fier des progrès accomplis année après année. Le sport apporte beaucoup plus qu’on ne pourrait croire, notamment sur la connaissance de soi. Le seul problème est qu’une fois qu’on a mis le pied dedans, bon courage pour en ressortir !…
Jour J : le départ est à 8h30, 8h25 pour les joelettes, le non-voyant, mon kiné et moi. On arrive pour récupérer les dossards, étonnamment le stress ne monte pas, on salue rapidement l’équipe INSA, pas le temps de réfléchir que le coup d’envoi est donné.
On s’élance, et très vite on essaie de prendre notre rythme. 7 minutes 30 par km on s’était fixé, mon kiné mène l’allure, c’est calme et je sais que ce sera de courte durée. Effectivement, après 1km les premiers nous rejoignent et là le balai de défilement commence, au début ça reste raisonnable, et puis très vite la foule se densifie. Pas facile de garder l’équilibre, de se concentrer sur un point fixe et de prendre et garder son rythme. On se fait beaucoup bousculer, ce que je n’avais pas imaginé. Toute cette masse qui nous colle et nous dépasse devient un peu angoissant.
Et puis, petit à petit, la foule s’étend, la route est plus large, on se sent respirer. Les premières montées commencent aussi à pointer leur bout du nez, là encore on s’économise, on monte sans trop forcer. Tout se passe bien, c’est assez roulant quand même.
Au 9eme je commence à m’inquiéter pour la barrière horaire qui est de 1h15 au 10km500, je panique un peu mais essaye de garder mon calme et mon objectif en tête. Avant ça une montée nous attend pour atteindre St Coulomb, 1er gros coup de fatigue. Côté météo toujours cette même pluie pas trop forte mais assez dérangeante et pas top pour le mental. Quand on porte des lunettes, c’est vraiment pas l’idéal.
On repart, là le stress est parti, je profite un peu, on blague avec Simon, j’ai l’impression d’être en promenade. S’en suit la descente vers l’Anse du Guesclin, super coup de boost en voyant ma mère et ma grand-mère, à m’encourager sous la pluie. Le moral est bon jusqu’au 15è km.
Les choses sérieuses commencent à la remontée de l’Anse du Guesclin, une longue et interminable montée jusqu’à la pointe du Grouin. Les conditions météo empirent, la pluie s’intensifie et le vent n’arrange rien, je commence à avoir froid. Au loin on entend le speaker de l’arrivée, 4/5km encore pour nous, le moral en prend un coup.
Mais c’est à ce moment là que je me remémore les encouragements reçus de tous pour tenir : la famille, les amis…, que je repense à ses 2 mois de préparation, 200km en tout… Simon m’encourage aussi moralement, me pousse dans les montées.
Les pauses à marcher sont de plus en plus nombreuses mais nécessaires, j’ai la hanche qui me titille, je ne me focalise pas sur la douleur. Depuis le départ, il n’y a qu’une issue possible, arriver au bout coûte que coûte. L’abandon n’est pas envisageable.
Les 2/3 derniers kms sont vraiment terribles, longs, où le faux plat n’en finit pas, la pluie non plus, je regarde mes pieds pour éviter de voir ce qui m’attend après, une autre montée sûrement, ma visière dégouline d’eau de pluie… C’est dur de prendre du plaisir mais une nouvelle fois, j’essaie de garder le positif en tête.
L’arrivée commence à se profiler, on voit les finishers en sens inverse. Aux 500 derniers mètres, je veux déjà accélérer, Simon me freine un peu, 500m à accélérer sur un faux plat c’est beaucoup quand même, surtout après 21km ! On tourne à l’angle du rond point, l’arche est désormais visible à 300m c’est le moment. « Allez vas-y, tu y es, déconnecte le cerveau maintenant, profites » me crie Simon.

Clara et Simon, heureux finishers du semi-marathon de Saint-Malo !
On passe l’arche et c’est fini. J’ai dû mal à prendre conscience de ce qu’il se passe, dur de reprendre ses esprits.
C’est d’ailleurs seulement le soir, une fois rentrée au Havre que j’ai réalisé que je l’avais fait. Une sacrée victoire rendue plus grande encore avec les difficultés et 250m de dénivelés positif quand même. Ce pari était peut-être un peu fou au départ mais ce ne sera sûrement pas le dernier pour moi !