
Les Roger FédéehRaid
Mohamed et son équipe (les Roger FédéehRaid) ont terminé 18e sur 43, une performance assez exceptionnelle ! Pour rappel, le Raid centrale Supélec est une épreuve organisée sur 5 jours du 24 au 29 avril en Auvergne avec plus de 200 participants pour effectuer 8000 mètres de dénivelé positif et 250 km de course. C’est un véritable exploit que les Roger FédéehRaid ont réalisé !
Mohamed est le premier à réagir à nos questions et à nous faire part de ses émotions :
Tout d’abord, quelle a été ta préparation physique pour cette couse ?
Pour cette course, je me suis entraîné naturellement en préparant et participant aux 3 raids précédents de cette année.
Lors du dernier mois, sous les conseils de Franck, l’entraîneur de Manon, j’adopte un entraînement spécifique ayant pour but d’accoutumer mon corps à l’effort intense sous fatigue. Pour les semaines s-4 et s-3; je m’entraîne deux fois par jour, 3 fois par semaine avec une alimentation très allégée. Cela a pour conséquence d’amener mon corps à mieux utiliser l’énergie disponible en quantité limitée. Pour la semaine s-2, je me mets au régime pour éliminer les graisses puis lors de la dernière semaine, je mange beaucoup de pâtes et de riz afin d’avoir une grosse réserve en glucide et donc un bon stock d’énergie pour le jour J.
As-tu eu un entraînement spécifique par rapport à ton handicap ?
Tout d’abord, les facteurs déclencheurs de ma maladie sont le stress, la fatigue et le manque de sommeil. Afin de réduire le risque de déclenchement de ma maladie pendant l’entraînement et le jour J, j’augmente très progressivement l’intensité de mon entraînement jusqu’à être prêt à fournir des efforts intenses pendant une longue durée comme pour les raids. Par ailleurs, j’évite toutes substances énergisantes car elles me sont déconseillées.
Laure et Timothée ont également pris le temps de répondre à nos questions, ils nous expliquent les principales difficultés auxquelles ils ont été confrontés.

Laure
Comment avez-vous appréhendé ce Raid ?
Au début de la course, l’objectif était avant tout de prendre du plaisir, de partir pour finir en équipe, et d’essayer de maintenir le niveau affiché lors du prologue (nous avions fini 16e). Priorité à la bonne ambiance au sein de l’équipe et avec les concurrents ! Dès le premier jour, certaines équipes se détachent et ne nous laissent pas espérer intégrer le top 10.
Quelle a été la journée la plus dure ?
Lors du Raid, la journée la plus dure était la première. On doit y trouver notre rythme, et ce n’est pas chose facile. Il ne faut pas se faire happer par les équipes les plus rapides ni s’ancrer dans un rythme trop confortable qui nous ferait perdre de l’ambition au classement. Cette difficulté est commune à l’ensemble des équipes, preuve en est que certains forcent d’ailleurs un peu trop le premier jour, car au terme de la première journée nous sommes en 24e position, alors qu’en fin de Raid nous finissons 18e au classement temps. Au classement général, établi sur le nombre de portion réalisée par toute l’équipe, nous finissons 33e.
Quel a été le moment le plus difficile ?
En effet, nous perdions Laure sur les portions de trail dès le J2 en raison d’un début de tendinite au psoas. Heureusement, elle poursuit tout de même l’aventure avec nous sur les portions VTT, sur lesquelles elle ne souffre aucunement et où elle peut dépenser toute son énergie… Elle avance d’ailleurs à un tel rythme que nous ne voyons que son dos pendant toutes les portions que nous partageons avec elle !
Comment avez-vous géré la concurrence tout au long de votre parcours ?
Au fur et à mesure des jours qui passaient, la concurrence initiale se transformait en une réelle solidarité entre les équipes : l’équipe qui double encourageait celle qu’elle dépassait, l’équipe doublée motivait la première à poursuivre l’effort de plus belle. A partir du 2e jour, nous courions aux côtés de l’équipe 41 qui avançait sur un rythme assez proche du nôtre. La journée on se dépassait mutuellement, et le soir on se retrouvait autour d’un jeu de carte et d’un saucisson… royal !

Mohamed
Mohamed, es-tu satisfait de ton résultat ?
Au classement au temps, nous sommes arrivés 18e sur 43 (classement au temps), ce qui est très honorable pour une première participation à un événement si difficile. Ma satisfaction est d’autant plus grande que nous sommes montés dans le classement de jour en jour jusqu’à atteindre la 10e place pour la journée de jeudi. Vendredi, nous n’avons malheureusement pas pu reproduire ce miracle car nous nous sommes perdus en route.
Comment te sens-tu physiquement ?
Après la course, même si mon corps m’a fait comprendre que je ne pourrais pas courir un jour de plus, j’étais surpris de ne pas être trop courbaturé. Pour récupérer, j’ai pris une semaine de vacance durant laquelle, j’ai beaucoup dormi, mangé et fait de la montagne. À cause de mon régime drastique durant la phase de préparation, je fantasmais sur la mal bouffe, je ne me suis donc pas privé pendant les jours qui ont suivi. On peut dire que j’ai été un client éphémère mais assidu des grandes chaînes de fast-food.
Quels sont les conseils que tu donnerais aux personnes en situation de handicap et qui souhaiteraient se lancer dans ce genre de course ?
Pour ces événements, il est très important de connaitre ses limites, car on est à maintes reprises amener à les atteindre ou à les repousser. Il existe une multitude de raids avec des niveaux de difficulté très variés. Mon principal conseil pour les personnes en situation de handicap qui souhaiteraient se lancer dans les raids est de commencer par des raids réputés plus « grand public » que d’autres, afin de tester progressivement ses limites et monter en difficulté ultérieurement s’ils en éprouvent le désir. Ces limites, on les repousse pour en définir de nouvelles.
Qu’as-tu obtenu sur le plan personnel avec cette participation ? Qu’as-tu retiré comme leçons de ce Raid ?
On gagne en confiance en soi, car on sent que l’on a été capable d’aller au bout de notre ambitieux projet. De plus, plus personnellement, j’ai appris à organiser mon temps et mon espace. Le temps également car le matin, il faut partir à l’heure prévue pour ne pas avoir de pénalités. Cela signifie qu’il faut s’habiller, faire sa toilette, prendre son petit déjeuner, ranger ses affaires et plier sa tente avant la course. C’est déjà une journée bien remplie avant que la course ne commence. Par ailleurs, on fait du management, oui, du management. En effet, étant constamment en équipe, notre stratégie « gagnante » a été de réfléchir à 4, pour 4. Chaque épreuve nous apprend à connaître l’autre et ainsi à l’encourager à aller plus loin parfois ou à ralentir pour le ménager d’autre fois. Globalement, pour notre équipe, ça n’a vraiment pas été trop difficile car notre niveau (Laure, Timothée, Camille et moi) était assez homogène. Enfin, le plus important est que je me sois fait des amis qui ont des valeurs très communes aux miennes et avec qui je me suis beaucoup amusé. Je vais très certainement garder contact avec eux. Hors de ce contexte, étant de milieux et d’âge différent, je ne les aurais sûrement jamais connus.

Mohamed et Timothée